Salomé Corbo allègue avoir été agressée à 13 ans par Gilbert Rozon
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Au procès civil de Gilbert Rozon, la comédienne et metteuse en scène Salomé Corbo a témoigné qu’il l’a agressée sexuellement alors qu’elle n’avait que 13 ans.
En 1990, elle travaillait pour un deuxième été au festival Juste pour rire comme animatrice de scène. C’est Danie Frenette, sa belle-mère — et demanderesse dans cette action en dommages — qui l’avait engagée. À l’occasion de la fête de clôture du festival, l’adolescente a croisé M. Rozon et a voulu le saluer. Selon sa version, il s’est approché d’elle « le regard hagard. »
Immédiatement, le grand patron de Juste pour rire a tenté de l’embrasser, a mis une main sous sa robe, l’a agrippée par l’entrejambe et a inséré un doigt dans sa petite culotte, a rapporté mardi la femme qui est aussi chroniqueuse pour Le Devoir. Elle ne se rappelle pas du lieu, dit-elle, mais se souvient que la fête battait son plein — il y avait de la musique et beaucoup de monde — et qu’elle était sur une marche, et donc à un niveau un peu plus élevé que lui.
Cela s’est passé très vite, en quelques secondes, a-t-elle témoigné. Mme Corbo soutient lui avoir dit « Voyons, j’ai 13 ans ! » en le repoussant. Il a continué son chemin, a-t-elle poursuivi. Elle se rappelle avoir pensé à ce moment : « Wô, faut se méfier des vieux messieurs saouls », a-t-elle dit devant la juge Chantal Tremblay de la Cour supérieure. À cette époque, elle avait pensé qu’il était saoul ou intoxiqué.
La comédienne avoue ne pas se rappeler grand-chose de la soirée, outre ce qui s’est passé avec Gilbert Rozon, et d’être ensuite allée aux toilettes pour se débarrasser de la sensation de l’ongle, dit-elle. Elle reconnaît avoir modifié les numéros sur sa passe du festival pour avoir accès à la fête de clôture.
Mme Corbo ne fait pas partie des neuf femmes qui poursuivent l’ex-magnat de l’humour pour 14 millions. Elle a été appelée à la Cour comme témoin de « faits similaires » par les avocats des demanderesses dans le but de démontrer, entre autres, que Gilbert Rozon avait un « modus operandi ».
Salomé Corbo a revu M. Rozon par la suite, au cabaret d’improvisation de Juste pour rire en 2001. Elle raconte être allée le saluer, et que l’une de ses bretelles a glissé. Elle l’a remise sur son épaule alors que Gilbert Rozon lui lançait : « Ostie d’agace, vous êtes toutes les mêmes. » Elle aurait alors quitté : « Je n’avais que du mépris. » Ce qui se disait, entre filles, c’était de ne pas se retrouver seule avec Gilbert, a ajouté Mme Corbo dans la salle de cour.
Deux agressions alléguées dans un même party
Une autre ex-employée de Juste pour rire, Martine Rochette, a témoigné mardi que M. Rozon a tenté de l’embrasser contre son gré lors d’un 5 à 7 chez lui en 1988. Il s’agit de la même soirée lors de laquelle la demanderesse Danie Frenette allègue avoir été violée.
Mme Rochette est dans le monde du spectacle depuis « toujours ». Elle rapporte avoir été engagée par Danie Frenette en 1988 pour s’occuper de la régie de la scène Air Canada du Festival Juste pour rire.
Dans son témoignage, Mme Rochette rapporte s’être rendue à la fête organisée par Gilbert Rozon dans la cour de sa maison d’Outremont pour célébrer la fin du festival. Quand elle est allée aux toilettes à l’étage, elle a voulu jeter un coup d’œil dans une chambre où il y avait des toiles. Selon sa version, Gilbert Rozon est apparu, l’a poussée vers le fond de la pièce et a tenté de l’embrasser. Elle l’a repoussé et a quitté la soirée peu après.
Mme Rochette a porté plainte à la police en 2017. Elle ne poursuit pas M. Rozon dans le cadre de cette procédure judiciaire.
Cette soirée est la même où la comédienne et directrice artistique Danie Frenette allègue avoir été violée par Gilbert Rozon dans un petit boisé à proximité de sa résidence. D’ailleurs, ce jour-là, Mme Rochette arrivait à la fête quand elle a vu Danie Frenette partir « en rush » au même moment. « Elle n’était pas relax », a-t-elle témoigné. Elle a utilisé le mot « paniquée ». Elle l’a vue embarquer dans une voiture et partir.
La demanderesse Danie Frenette a déjà témoigné dans le cadre du procès. M. Rozon nie les faits qui lui sont reprochés, et il aura bientôt l’occasion d’offrir sa version des faits.